Le Soleil s’abat enfin sur le pays comme une des 10 plaies d’Egypte, les bras sortent découverts, la chaleur assèche les corps, la température n’en finit pas de grimper. Sentez-vous cette ébullition, cette vague odeur de sueur et ce gout âpre sur la langue ? Le calendrier a beau nous imposer le printemps pour encore quelques mois, l’été est bel est bien en approche.
Mourir sous la chaleur est une alternative. Ecouter GOBBLE GOBBLE en est une autre.
L’explosif projet du canadien
Cecil Frena, dont le nom déjanté évoquant le cri du dindon (mieux vaut ne pas chercher à comprendre…) annonce une musique aussi délirante que détonante, est la cascade de fraicheur de vos après-midi de bronzette au jardin. Façon arrosage automatique surprise. GOBBLE GOBBLE balance une telle diversité de sons et de rythmes dans le creux de l’oreille qu’il est quasiment impossible de ne pas sentir son derrière réclamer soudainement son indépendance, mener la danse de lui-même, et finalement embarquer le corps tout entier. Une puissance outrageusement colorée émane de cette musique venue d’une galaxie complètement décalée, et si vous doutez encore de la folie qui habite les esprits ravagés de ce quatuor, faites une brève visite sur leur
Myspace (mais pas trop longtemps, vous risqueriez de vous bruler la rétine et deux-trois neurones).
Comptant à son actif un LP, quatre EP et une mix tape, le groupe trace son petit bout de chemin biscornu entre les States et le Canada, en répandant au passage une bonne humeur contagieuse.
Neon Graveyard, originalement sur support cassette et vendu comme des petits pains, comporte 11 chansons, ou feux d’artifices, comme vous le sentez. A grands coups d’effets électroniques, de distorsion des sons, de percussions dansantes, et de mélodies ravageuses, les chansons s’enchainent comme un cocktail glacé à plusieurs étages de gouts. Tantôt complètement explosives, tantôt beaucoup plus calmes et douces, GBL² garde dans ses chansons ce constant recours à des effets grésillants comme dans Eggs in Carrion qui concilie légèreté du piano et grésillements proches du larsen dans une valse finale toute en douceur, ou encore des sons rappelant l’univers des jeux vidéos, comme dans l’excellent Misericordia qui croirait nous embarquer dans un Nième niveau de Super Mario World.
Les EP sont plus contrastés. Tandis que
Becoming Legion et
Wrinklecarver sont parfois à la limite de l’audible,
Lawn Knives est un véritable petit bijou, dont la valeur est d’ailleurs renforcée par le très bon remix du talentueux Teendaze, bon copain des GOBBLE GOBBLE (ils en sont à se faire des coucou/bisous mutuels via Twitter). Le petit dernier,
Boring Horror, pondu par le label français
deBonton début mars 2011, continue sur la même lancée, dans des sons toujours plus travaillés et poussés à leur extrême. On y trouve en B-side quelques remixes et le magistral
Eat, Sun, Son, que je compte définitivement dans mes tubes de l’été.
L’ensemble de la discographie de GOBBLE GOBBLE (excepté le dernier EP) est disponible en écoute et en téléchargement gratuit sur leur
Bandcamp.
C'est un bon cru, je fais tourner