La naissance du mouvement hip hop

A l’heure où le graffiti est en pleine explosion sur le marché de l’art (rappelons que Banksy est le 1er artiste issu du milieu à avoir dépassé le million sur les places de vente), toute la culture associée connaît un fort regain d’intérêt. Chez D & D, on ne vous initiera pas au graff. Désolée. Mais on en profite pour vous rappeler un peu les origines d’un mouvement qui en a été le berceau : le hip hop.

 

     On oublie les « wesh gros sisi tavu » et autres « nique la police ». On reprend tout au début. Et au commencement du début, on oublie également les Etats-Unis. Car le mouvement ne trouve pas sa vraie source aux US mais bien plus au sud. Les cocotiers, la mer, la plage… vous visez le paysage ? On y rajoute 2-3 mecs et un p’tit spliff et nous voilà en JAMAÏQUE. Car c’est bien dans le pays du mythique Bob Marley et de ses acolytes que tout a commencé.

     En 1962, l’indépendance de la Jamaïque est proclamée. Joies et festivités laissent rapidement place à l’instabilité politique, des émeutes éclatent dans tout le pays. Dans ce climat houleux, une véritable révolution musicale va se mettre en place. Du croisement du mento (*) et du ska va naître le REGGAE. Inutile de vous rappeler ce que c’est.

(Ca, c’est du ska, du vrai.)

C’est autour du développement des différents styles de reggae que va se former la base première de « l’esprit hip hop », incarnée par le « Soundsystem ».

Un Soundsystem, kékecé ?

Un camion, une sono, un paquet de bons vinyles, et l’aventure est lancée. A bord, 2 mecs se distribuent les rôles : le selecter, qui choisit les bons sons, et le toaster, qui fait l’animation. Retenez bien le concept parce qu’il aura un grand impact sur la suite [teasing à l’américaine]. Parmi les mecs qui ont fait remuer les nuques de Jamaïque, on compte entre autres Tom the great Sebastian ou encore Sir Coxsone.

Reprenons.

Le climat politique oblige beaucoup de jamaïcains à émigrer aux USA, où le fort taux de chômage (notamment dans la communauté noire) révèle de fortes personnalités comme Martin Luther King ou Malcom X. Parmi ces nouveaux immigrés jamaïcains se cache le Messie. Pas de robe ni de bénédicités, hein. Ce mec génial, le vrai père de la culture hiphop, c’est

CLIVE CAMPBELL.

… Ca vous dit rien. Je sais. Normal.

Débarqué aux USA au milieu des années 60, il amène son swagg, son génie et son goût du funk, qui connaît une jolie envolée aux Etats-Unis. Mais plus important : il a dans ses bagages toute la culture des soundsystem dans lesquels il officiait en tant que toaster. Puis vint l’idée géniale. Du fond de son coin de Bronx, où il prend le surnom musclé de DJ Hercule alias DJ Kool Herc (rien que ça), il embarque quelques potes, un paquet de vinyles, descend dans le parking du coin, et lance du son. Tout le voisinage rapplique et nous voilà dans un tourbillon de corps en pleine transe (j’aurais rêvé vous voir danser comme ça messieurs). Bienvenue aux « Block Parties ».

(Là, les deux du fond s’offusquent « Haaaaan mé y zon volé le nom au group anglé ! » Oui oui, bravo.)

Pendant ce temps-là, on assiste de plus en plus à un métissage culturel ; les influences se diversifient, que ce soit par la culture sud-américaine (essentiellement porto-ricaine à l’époque), ou par le brassage Est-Ouest. De ces mélanges naissent différentes techniques bien particulières, comme le scratch, développé sur la East Coast. On créé également le « breakbeat » : entre deux vinyles, quelques danseurs improvisent sur un rythme saccadé : Kool Herc a alors l’idée de ne balancer que la partie rythmique de différents morceaux, en boucle, pour créer un même mouvement des danseurs. COUCOU VOILA LA BREAKDANCE.

Il vous l’explique mieux que moi là : (mais faut être bilingue)

Mais Kool Herc ne reste pas seul sur le marché longtemps. Un autre type génial entend parler des block parties, embarque les breakdancers avec lui et va organiser ses propres soirées. Son petit nom ?

AFRIKA BAMBAATAA.

Le mec qui a eu mille vies et qui n’en a toujours pas fini. Le deuxième pilier du hip hop.

La concurrence est maintenant là, les crews commencent à se former. L’enthousiasme de Bambaataa face à l’effervescence du milieu l’amène à développer la bien célèbre ZULU NATION, 1er mouvement « de prise de conscience » hip hop (un truc pacifiste, quoi) à s’exporter dans le monde.

Attention, avalanche de hipsters:

C’est donc du développement du Soundsystem (le fait d’accompagner le morceau qui passe, non pas en chantant mais en parlant), du mélange des influences américaines ainsi que du contexte social difficile pour les classes sociales les plus défavorisées qu’est né tout un mouvement dont l’influence s’est étendu de manière spectaculaire sur les autres arts, que soit la danse ou encore l’art pictural avec le développement du graffiti.
Le hip hop, (qui signifie littéralement – ou presque – « bouger avec intelligence ») ne se limite plus à quelques vinyles scratchés dans un coin de parking, mais s’étend progressivement à un véritable univers, avec ses lois, ses codes, ses dérives aussi.

Les deux grands noms que je vous ai cité précédemment ont lancé un vrai genre, un style nouveau et fédérateur, comme l’a parfaitement exploité Bambaataa avec sa Zulu Nation. On a beau dire, sans eux, on aurait jamais eu des trucs comme ça (non je n’ai pas été sponsorisée par Nike pour vous passer cela):

Et là, sous vos yeux ébahis, je viens de vous faire assister intégralement au long et douloureux accouchement du HIP HOP.

La prochaine fois, je vous fait un récapitulatif de l’âge d’or du Hip hop, c’est-à-dire les années 80 et 90, avec tableaux, schémas, playlists à l’appui. Parce que le monde a besoin de savoir.

Allez, KISS.

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* Si le mento, ça vous parle pas trop, mais que vous êtes curieux quand même (enfin je l’espère pour vous), un vieuuuux vieux groupe jamaïcain a depuis peu décidé de faire revivre le genre en créant des cover de chansons assez connues, en les reprenant dans le style du mento. Très sympa et agréable, l’album des Jolly Boys est dispo un peu partout (notamment sur Spotify). Je vous recommande en particulier le cover de Blue Monday des New Order, le Rehab d’Amy Winehouse et évidemment The Passenger d’Iggy Pop (dont le lien est caché en haut).

2 réflexions sur “La naissance du mouvement hip hop

  1. […] AND DRINKS : La naissance du mouvement Hip Hop  Bexisnuts, ghetto sisi, nous pond un sacré article sur la naissance du Hip Hop, je recommande […]

  2. Super article ! Sinon je viens de découvrir votre site, j’aime vachement le concept, je suis même devenu aspirant pilier de bar (si si).

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